Un peu d'histoire
Perception de la personne en situations de handicap au fil des siècles
L’échelle de temps pour que le statut des personnes en situations de handicap évolue se compte en siècles.
Au Moyen Âge, on croyait que certaines formes de handicap étaient l’œuvre du diable ou d’autres forces surnaturelles. Ces personnes ont longtemps été mises en marge de la société parce que l’on croyait à un lien entre l'aspect physique et les qualités morales d’un être humain.
Plus proche de notre époque, sous prétexte d’eugénisme (théorie et méthode visant à améliorer l’espèce humaine, fondées sur la génétique), l’article 97 du code civile suisse de 1907, stipule que « ne peuvent contracter mariage que les personnes capables de discernement. »
La loi vaudoise de 1928, première du genre en Europe, préconise de stériliser les « handicapés mentaux ou psychiques ». L'Allemagne nazie appliqua ce précepte et alla encore beaucoup plus loin, avec l’euthanasie des personnes physiquement handicapées ou mentalement déficientes.
De nos jours, la question du droit à la vie des personnes lourdement handicapées se discute lors du diagnostic prénatal. Pas le droit de naître et, de facto, de se reproduire.
En ce qui concerne le langage, l’évolution des termes pour désigner ces êtres humains évolue d’« imbéciles », « arriérés », « idiots », …, à « personnes en situation de handicap », terme actuel, changeant drastiquement le regard porté sur cette population (Procap utilisant le terme de « personnes en situations de handicap ». Là aussi, des siècles furent nécessaires.
Assistance et quelques dates clés
En Suisse, au début du 16ème siècle, l’organisation d’assistance aux personnes en situations de handicap se fait au niveau des villes, en institutions publiques ou par le biais de l’Église, par exemple en hospices, hôpitaux (asiles de nos jours) ou orphelinats. En 1551, la Diète fédérale (assemblée des députés des cantons suisse) décide que l’assistance des personnes nécessiteuses se concentrera sur leurs communes d’origines ou les paroisses dont ils sont ressortissants. Soutenus principalement par la famille (obligation légale). Ou, si celle-ci faisait défaut, par la commune), par des donateurs ou des legs de fidèles.
Courant 19ème siècle, la bienfaisance privée prend une réelle ampleur. Des organisations pour besoins spécifiques se constituent (enfants abandonnés, filles-mères, alcooliques, personnes âgées, non-voyants, …). Des établissements privés ou des collectivités publiques émergent fin 19ème.
Dès les années 1880, les premières ébauches d’assurances sociales se créent.
L’assurance-invalidité entre finalement en vigueur le 1er janvier 1960, après plus de 30 ans de débats politiques, muée d’un principe toujours actuel, « la réadaptation prime sur la rente ». Dans la mesure du possible, inclure les personnes en situations de handicap dans le monde du travail (réadaptations professionnelles, participation à l’effort économique et inclusion sociale).
ASI / Procap
S’inspirant du modèle français et s’organisant sur les moyens d’assistance existants, amicales ou groupements locaux, Henri Pavid est à l’origine, en 1930, de l’Association Suisse des Invalides (ASI). Le besoin s’en fait ressentir. En effet, bien que la Suisse ne soit belligérante de la 1ère Guerre Mondiale, les fléaux tels la tuberculose et la poliomyélite font des ravages. Deux autres causes accentuent ce besoin : la croissance démographique (plus de population donc plus de personnes en situations de handicap) ; et l’industrialisation massive, causant des accidentés du travail. Cette logique d’entraide s’oppose aux pratiques assistancielles pratiquées jusque-là.
L'association est autonome financièrement. Les membres versant une cotisation à la section, qui en reverse une partie à la caisse centrale. Les différentes actions ou ventes, ainsi que les dons, permettent aux sections de continuer à proposer les services aux personnes en situations de handicap.
Première parution, en 1931, du journal de l’ASI, qui s'appelle aujourd'hui le magazine de Procap et paraît 4 fois par année.
1954 : naissance du siège romand, section de La Chaux-de-Fonds et du Locle.
La section Bienne romande voit le jour en 1958. Peu après l’entrée en vigueur de l’AI, l’ASI ouvre à La Chaux-de-Fonds en 1962 le 1er atelier pour personnes en situations de handicap, ainsi que le 1er foyer en 1968. Les années soixante voient aussi la création du service juridique, l’ASI faisant de la défense de ses membres une priorité.
En 2002, l'ASI se renomme en Procap.
En 2008, les sections Bienne et Moutier fusionnent pour former la section Bienne - Jura bernois.